Le lundi 21 octobre 2024, les enseignants ont encore une fois décidé de rester à la maison cette 8e semaine de grève. Alors que les groupes sociaux se sont retirés de la lutte des professionnels de la craie qui durcissent leur grève, le responsable de la Province éducationnelle Nord-Kivu II ne cesse d’appeler les enseignants à reprendre le chemin de l’école.
En ville de Butembo, dans la province du Nord-Kivu en l’Est de la République démocratique du Congo, les enseignants ne cessent après chaque évaluation de leur mouvement de grève de durcir leur lutte. Cela, au vu de la non-prise en compte de leurs revendications par le gouvernement congolais.
Au cours de leur rencontre lundi 21 octobre, des centaines d’enseignants grévistes réunis au sein du Syndicat des enseignants au Congo (SYECO-Butembo) ont signalé qu’aucune revendication n’a trouvé gain de cause, comme aux semaines antérieures.
C’est en l’unanimité que ces derniers ont décidé de maintenir leur mouvement de grève sur toute l’étendue de la ville de Butembo au vu de l’absence d’une lueur d’espoir.
« Voilà encore que nous commençons la 8e semaine et elle commence comme toutes les autres. Il n’y a rien des revendications des enseignants, il n’y a pas de suite. C’est pourquoi, comme il n’y a pas de suite, les enseignants tout au début avaient dit qu’ils rentreront à l’école quand il y aura quand-même de la lueur dans leurs revendications. Jusque-là, il n’y a toujours pas quelque chose. Cela veut dire qu’à l’unanimité, ils continuent leur mouvement de grève », a déclaré Benito Mughaso, secrétaire permanent du SYECO Butembo.
Alors que les menaces disciplinaires pèsent sur les enseignants qui ont déjà boudé de reprendre les activités scolaires en ville de Butembo, la synergie des couches sociales de Butembo avait décidé de soutenir la grève des enseignants pour que soit trouvée plutôt une solution durable.
En effet, le vendredi 18 octobre 2024, cette plate-forme constituée des groupes de pression, associations et mouvements citoyens a annoncé des actions pouvant aboutir à une absence totale des bleus-blancs en ville de Butembo.
Ce, en lançant une campagne dénommée « Zéro uniforme». Cette dernière concernait, selon le porte-parole de la Synergie, les écoles publiques et privées, les écoles primaires et secondaires.
« Nous allons accompagner cette grève par diverses actions. Nous appelons tout celui qui est enseignant, tout celui qui est soucieux de la bonne vie des enseignants à s’associer à cette grève. Les plus concernés, ce sont tous ceux qui sont à l’école. C’est ainsi que nous disons qu’à partir de ce lundi, on veut voir tous les enseignants, les écoliers, soutenir les enseignants. C’est ainsi que nous lançons l’opération Zéro Uniforme. On ne veut pas voir les enfants aller à l’école, alors que les enseignants ne sont pas là. Les parents, gardez vos enfants à la maison à partir de ce lundi, ça va bien se passer, de manière pacifique », avait exhorté Franck Mukenzi, porte-parole de la synergie.
Cette lutte des groupes sociaux a été de courte durée. Dans des écoles de la ville de Butembo lundi 21 octobre, la majorité des élèves n’ont pas répondu présent dans leurs écoles respectives suite à cette action annoncée tambour battant dans des chaines de radios locales et sur les réseaux sociaux.
Ce même lundi, la plate-forme des groupes sociaux a annoncé la suspension de la campagne « Zéro uniforme » dans la ville.
Devant la presse, Franck Mukenzi a remercié toute la communauté qui venait d’accompagner cette campagne qui vise le bien-être de l’enseignant.
Il motive cette suspension par une probable disponibilité des listings de paye par le gouvernement congolais, l’une des solutions aux revendications des grévistes.
« Il nous a été rassuré que les listings vont être disponibles. Dès que la banque aura reçu la somme, vous êtes appelés à passer à la DYNACOPE pour voir votre listing. C’est déjà un résultat de cette même action. Cela étant, nous disons, merci encore une fois aux écoles privées. Les enseignants ont levé la grève, mais nous pouvons appeler aux écoles privées et secondaires de continuer avec les cours. Nous appelons aussi les grévistes, tels que la synergie l’a dit, c’est au SYECO de continuer à mener les actions comme ça a été », a-t-il déclaré.
Dans des sorties médiatiques, le responsable de la province éducationnelle Nord-Kivu II ne cesse d’appeler les enseignants à revenir à la raison, en reprenant le chemin de l’école.
Devant la presse après la suspension de la grève des inspecteurs dans son entité éducationnelle, Shalumoo Tsambali a indiqué que les enseignants devaient être disciplinés. Une discipline qui, selon lui, « se trouve à l’école », tout en rassurant que leurs revendications sont au niveau de l’Assemblée nationale de la RDC.
« Les enseignants doivent être disciplinés comme ils l’ont toujours été, parce que la discipline se trouve à l’école. Les enseignants doivent travailler normalement parce que leurs revendications sont déjà au niveau du Parlement, et je ne vois pas la personne qui peut les accompagner pour répondre à leurs revendications plus que le gouvernement. (…) Il ne faudra pas que les enseignants soient étouffés par des gens qui ont des intérêts égoïstes », déclare Shalumoo Tsambali.
Cependant, au niveau national, le Syndicat des enseignants du Congo, (SYECO) a appelé, samedi 19 octobre, les enseignants à reprendre le travail dès lundi 21 octobre. Cet appel est intervenu après les engagements pris par le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, pour la prise en compte des revendications salariales des enseignants dans le prochain budget de l’État.
« L’honorable président de l’Assemblée nationale a compris facilement ce qui se passe à travers le système éducatif congolais. Il prend la question en charge et renvoie à l’ECOFIN, ensemble avec le Syndicat, qui va devoir envoyer des délégués pour qu’ils puissent en discuter. [•••]Aux enseignants qui se retrouvent en grève, aujourd’hui nous avons une réponse qui nous fait plaisir afin que tous nous puissions regagner l’école sur toute l’étendue de la République. Nous acceptons de déposer les armes puisque la réponse qui est arrivée est une réponse que nous considérons être fidèle », a indiqué Cecile Tshiyombo.
Les enseignants, majoritairement de l’école primaire, sont aussi en grève dans cette partie de la République démocratique du Congo depuis la rentrée scolaire 2024-2025.
Ils réclament la majoration de leur salaire, aussi la mise en place des listings avec montants. La suppression des zones salariales et le payement des nouvelles unités font partie de leurs revendications.
Glodi Mirembe